Des discours à la scène : la prévention par le théâtre

21 jan 2017

Des discours à la scène : la prévention par le théâtre

Afin d'informer et de sensibiliser son personnel, la MINUAD utilise le théâtre comme méthode de formation.

Dans le cadre de la politique de tolérance zéro de l'Organisation des Nations Unies à l'égard de l'exploitation et des atteintes sexuelles, l'Équipe déontologie et discipline de l'Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) a adopté une méthode novatrice : utiliser le théâtre comme support de formation.  

La pièce de 45 minutes présentée aux Casques bleus, judicieusement appelée Tolérance zéro, est un drame qui dépeint de façon frappante les répercussions de l'exploitation et des abus sexuels.  

Dans cette représentation captivante, le personnage principal, le chef de Section Johnny Boy (JB), ses deux assistantes Titi et Salematu, ainsi qu'une jeune fille de la région, Monica, montrent également à quel point la population locale se sent trahie lorsque les soldats de la paix profitent de la vulnérabilité des personnes qu'ils devaient protéger.  

« Quand j'ai eu l'idée d'utiliser le théâtre pour transmettre le message très important de la tolérance zéro à l'égard de l'exploitation et des abus sexuels, raconte Saif Ullah Malik, chef de l'Équipe déontologie et discipline, je souhaitais que les situations et les dialogues véhiculent visuellement le message de "tolérance zéro" et marquent durablement les esprits ».  

Écrite et mise en scène par Reuben Inaju, ancien chef de l’Unité de sensibilisation communautaire, la pièce compte dix acteurs. « J'ai lu la circulaire du Secrétaire général sur les dispositions spéciales visant à prévenir l'exploitation et les abus sexuels, mais ce n'est qu'après l'avoir analysée et avoir commencé à écrire le scénario de la pièce que j'ai compris son message. » 

JB, un haut fonctionnaire travaillant depuis de nombreuses années à l'ONU, utilise les pouvoirs et privilèges que lui confère son poste pour harceler sexuellement ses collègues Salematu et Titi, créant ainsi un environnement de travail hostile et nocif. En outre, il exploite sexuellement une jeune fille mineure de la région, Monica, en lui promettant un emploi en échange de faveurs sexuelles. 

Suite à ces abus, Monica tombe enceinte et est chassée par sa famille. La réputation de la mission auprès de la communauté d'accueil est entachée et JB est démis de ses fonctions, ne peut plus travailler pour l'Organisation des Nations Unies et est poursuivi en justice pour exploitation de mineur.  

Tout le personnel de l'ONU doit suivre une formation obligatoire sur la prévention de l'exploitation et des abus sexuels, mais en se servant du théâtre, l'Équipe déontologie et discipline est allée encore plus loin.

« Grâce à cette pièce de théâtre, le message de "tolérance zéro" transmis lors des formations, dans les circulaires d'information, dans les bulletins du Secrétaire général et dans les instructions administratives a pris vie dans un format facile à comprendre », explique M. Malik.

« Grâce au théâtre, les acteurs montrent au public de manière réaliste ce qui attend les auteurs de telles infractions » ajoute M. Inaju.

Le théâtre s'est avéré être un outil efficace pour engager un dialogue sur des questions sensibles et surmonter les obstacles au changement.   

« Les spectateurs ont indiqué que la pièce les avait aidés à comprendre la question de l'exploitation et des abus sexuels dans son ensemble et avait facilité l'assimilation du message. Nombreux sont ceux qui considèrent avoir une compréhension plus complète du problème », déclare Samuel Conte, conseiller des Nations Unies pour les questions de police originaire de Sierra Leone, qui jouait le rôle du narrateur. 

Environ 300 membres du personnel de la MINUAD ont vu la pièce, qui a été jouée à El Fasher, au quartier général de la Mission, en 2015 et en 2016. « Nous prévoyons de jouer la pièce dans d'autres régions pour permettre à davantage de membres du personnel de la MINUAD d'en tirer des enseignements », conclut M. Malik.